Il faudrait s'indigner
Il a beau avoir 70 ans passés, il a l'indignation intacte. Il ne s'est jamais endormi, il est toujours resté en éveil, le cœur en bandoulière et la main toujours tendue. Je lui ai promis de livrer l'un de ses derniers textes ici.
Il faudrait s’indigner
Parce que dans notre société, il y a des déshérités
Mais aussi des parachutes dorés.
Il faudrait s’indigner
Parce que les politiques nous font des promesses
Des mots prononcés par soir d’ivresse.
Il faudrait s’indigner
Parce que la pauvreté est à notre porte
Et l’on ne peut pas dire que cela nous importe.
Il faudrait s’indigner
Et faire en sorte que nous n’ayons plus besoin des restos du cœur
Pour pouvoir donner un peu de pain avec beaucoup de chaleur.
Il faudrait s’indigner
Pour pouvoir montrer à nos enfants que nous ne sommes pas des assistés
Et être dans la rue sans tendre la main pour avoir droit à la pitié.
Il faudrait s’indigner
Mais cela sera-t-il suffisant
Pour voir grandir nos enfants ?
Il faudrait s’indigner
Quand l’on voit des personnes âgées
Mourir seules, complètement oubliées.
Il faut s’indigner
Quand, nourrie à l’atome, notre flore
Deviendra carnivore.
On finira bien par s’indigner
Quand la colère grondera
Que les gens d’en bas
Uniquement avec leurs bras
Levés comme s’ils voulaient attirer la foudre, partiront au combat.
Maintenant c’est trop tard
On ne peut plus s’indigner
Il ne nous reste que nos yeux pour pleurer.
On aurait dû s’indigner
Pour garder notre fierté
Et se dire que nous sommes heureux
D’être des hommes debout.